Au Molière, la peinture du plafond sauvée des eaux

 
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Abîmée à cause de vieilles infiltrations, l’œuvre de Georges Clairin est en cours de restauration. Ce peintre oublié a aussi décoré le grand théâtre.

Officiellement, le Molière est un café, le plus charmant de Tours même, mais en fait, il tient autant du théâtre que son grand voisin, le paquebot minéral de la rue de la Scellerie. Sans relâche ou presque, la comédie humaine s'y joue chaque jour. Ces bâtiments ont vu le jour à la même époque, et le même peintre, Georges Clairin, les a tous deux décorés. L'escalier d'honneur du théâtre a eu droit à des scènes historiques dans le goût du temps et le plafond du Molière, à des allégories (lecture, musique, amour).

Une semaine pour déposer la toile

Mais cette peinture de 1881 a frôlé le drame à cause d'un dégât des eaux ancien. Comme dans une pièce de la fin XVIII esiècle, mais avec pour personnages principaux le propriétaire et l'assurance, la raison l'a emporté pour faire restaurer ce tondode 4,75 m de diamètre. Il était temps. « En six mois, la surface de décollement a doublé. Un filet de protection avait été installé. Le vernis a provoqué quelques blanchiments, mais il n'y a pas de champignon », observe Marc Philippe, restaurateur installé à Fondettes depuis 1991. L'échafaudage installé dans le café n'a rien d'un décor. Il lui permet de travailler facilement. « Cette semaine est consacrée à la dépose. Il faudra ensuite procéder par endroits à quelques retouches car la toile est un peu déchirée. Elle sera aussi marouflée. La réinstallation se fera fin août,prévoit le restaurateur . Un plâtrier s'occupera du plafond. »

Cette intervention n'est pas une première pour Marc Philippe. Il a déjà restauré le plafond du Grand Café, à Moulins (Allier) où Coco Chanel ( « le dernier des volcans d'Auvergne qui ne soit pas éteint »,selon le mot de Paul Morand) a poussé la chansonnette avant de coudre. Mais le plus clair de son temps, Marc Philippe redonne vie à des œuvres dans des églises ou des châteaux, publics dans 70 % des cas. La hausse de l'activité lui avait fait embaucher jusqu'à 24 restaurateurs au début des années 2000. « L'activité a toujours été compliquée, mais le Code des marchés publics a eu pour conséquence de casser nos prix. J'ai donc dû me séparer de collaborateurs. »Pendant les travaux, le Molière continue à fonctionner comme à l'accoutumée avec Élodie, sa cousine Sandra, la maman de celle-ci, Coco (pas Chanel). Depuis un an, ce trio de femmes savantes en adéquation avec l'esprit de ce quartier propose une carte avec une cuisine faite maison, avec des plats aux noms des pièces de l'auteur. Comme quoi, au Molière, tout reste une affaire de langue.



Raphaël Chambriard

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